L'importance du contrôle

En ces temps d'IA et autres outils providentiellement mauvais, il nous semble opportun de rappeler toutes les raisons de faire appel à des professionnels pour contrôler les cueillettes de champignons sauvages.

Tout d'abord, autant certaines applications par reconnaissance d'image semblent relativement efficaces dans l'identification des espèces courantes de plantes, il n'en va pas de même pour tous les programmes. En effet, les résultats dépendent de la qualité de la base de données. Or, nombre d'implémentations font appel au tout-venant disponible sur internet, alimentées donc par monsieur et madame tout-le-monde, plutôt que par des spécialistes ou au moins contrôlé par ceux-ci.

Ensuite, l'étude des champignons se heurte au nombre limité de critères distinctifs, la grande variabilité d'un individu à l'autre et la quantité gigantesque d'espèces seulement surpassée par celle d'insectes.

La reconnaissance des espèces au niveau macroscopique, quand elle est possible, fait donc appel à bien plus d'aspects, critiques pour la plupart, qui ne peuvent être transcrits par une image: consistance, texture, viscosité, odeur, saveur, couleur et oxidation de la chair, réactions chimiques diverses, exemplaires à différents stades de développement, etc. Et dans la majeure partie des cas, il faut recourir à une analyse microscopique pour pouvoir se prononcer.

Si l'on parvient à identifier correctement l'espèce, il convient encore de pouvoir juger de sa comestibilité. A nouveau, seule une personne formée et à jour sera à même de vous informer en toute sécurité. Il s'agira de connaître et vous renseigner sur

• La nature du lieu de cueillette

  Les champignons sont des accumulateurs de polluants

• L'état sanitaire

  Les champignons sont des aliments très susceptibles aux bactéries, moisissures, et autres petits animaux

• Les conseils de préparation

  Les champignons sont des usines à molécules dont beaucoup peuvent être toxiques

• Les possibles faux amis

Notons par ailleurs que nos connaissances en toxicologie évoluent sans cesse -- certains bons comestibles d'antan sont à présent considérés comme potentiellement mortels. De même, de nouvelles espèces, parfois toxiques, migrent sous nos latitudes: principalement dû aux changements climatiques et la globalisation qui facilite la diffusion des spores.

Alors que la fréquentation des bois est en nette augmentation -- ironiquement l'homme ultra technologique actuel semble de plus en plus à la recherche d'un contact avec la nature -- on voit pourtant un recul dans le nombre de postes de contrôle. Cela est à déplorer quand on constate les milliers d'intoxications qui sont évitées chaque année en Suisse, pour un financement somme toute dérisoire, et les coûts humains que celles-ci pourraient représenter. Une pétition a été lancée à ce sujet: https://petition.vapko.ch/fr.

Pour gagner en assurance lors de vos cueillettes et manger en toute tranquillité d'esprit, nous ne pouvons que vous recommander de faire appel aux services du contrôleur le plus proche de chez vous (accessible via https://www.vapko.ch/index.php/fr/component/vapkocheckpoints/)

Et si vous voulez aller plus loin, les sociétés mycologiques sont des associations de passionnés accueillants qui ne demandent qu'à partager leurs connaissances avec vous.

Bonnes cueillettes!

© Image tirée de https://sauvagement-bon.blogspot.com : Exemple d'une confusion fréquente entre Entoloma lividum et Clitocybe nebularis. Le premier est un gros toxique, le second était considéré comestible jusqu'en 2023.